- délivrer
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1 ♦ Rendre libre. ⇒ libérer. Délivrer un prisonnier, un esclave, un animal pris au piège. Délivrer un captif en payant une rançon. ⇒ racheter.2 ♦ Délivrer qqn de, le dégager de (pour le libérer). Délivrer un captif de ses chaînes. — Fig. Rendre libre en écartant, en supprimant. ⇒ débarrasser, libérer. Délivrer qqn d'un importun, d'un rival. Délivrer qqn d'une maladie (⇒ guérir) , d'un péril; d'une obligation; d'une crainte. Tu m'as délivré d'un grand poids. ⇒ soulager.3 ♦ Pronom. Se libérer, se dégager de. Parvenir à se délivrer de ses liens. Fig. « Elle suffoque, sans arriver à se délivrer par un sanglot » (Romains). — « ces idées obsédantes dont je n'arrivais que rarement à me sentir délivré » (Duhamel).II ♦ (XIIIe)1 ♦ Remettre (qqch.) à qqn; mettre qqn en possession de (un bien). ⇒ livrer, remettre. Délivrer un brevet, un certificat, un reçu. Le médecin délivre une ordonnance.2 ♦ Pronom. (pass.) Être délivré. Le bureau où se délivrent les passeports.3 ♦ Anglic. Techn. Émettre, fournir. Générateur qui délivre une tension sinusoïdale.⊗ CONTR. Détenir, emprisonner, enchaîner. — Garder.Synonymes :- émanciper- libérerContraires :- asservir- écrouer- incarcérerDébarrasser quelqu'un d'une contrainte, le soulager d'une inquiétudeSynonymes :- décharger- dégager- soulagerContraires :- accabler- écraser● délivrer verbe intransitif En parlant des femelles de mammifères, expulser normalement les enveloppes fœtales après la mise bas. ● délivrer verbe transitif (de délivrer) Remettre quelque chose à quelqu'un, le lui donner (dans un contexte administratif, officiel, etc.) : Le médecin lui a délivré une ordonnance. Donner quelque chose à quelqu'un, le fournir : Délivrer un congé à un employé. Émettre quelque chose : Délivrer un signal. ● délivrer (difficultés) verbe transitif (de délivrer) Emploi → attribuer ● délivrer (expressions) verbe transitif (de délivrer) Délivrer un acte à une personne, le faire signifier par huissier. Délivrer des ouvrages, donner des travaux à faire à un entrepreneur.délivrerv. tr.rI./rd1./d Faire recouvrer la liberté à. Délivrer un captif.d2./d Délivrer qqn de, le débarrasser de (ce qui l'entrave, le gêne). Délivrer un prisonnier de ses menottes.— Délivrez-moi de cet importun!|| v. Pron. Il s'est délivré de toutes ses obligations.rII./r Remettre entre les mains, livrer. Délivrer un certificat à qqn.I.⇒DÉLIVRER1, verbe trans.A.— [Sans compl. secondaire] Délivrer qqn ou qqc.1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou une collectivité] Tirer de captivité. La loi indienne permet à une femme de délivrer un prisonnier, en l'adoptant ou pour frère ou pour mari (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 288) :• 1. DON RODRIGUE. — Quand tu me parles de délivrer les captifs, mais est-ce les délivrer que de les faire passer d'une prison dans une autre prison? changer de compartiment?CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1929, 4e journée, 8, p. 905.— P. métaph. :• 2. ... les billes d'agate (...) me semblaient précieuses parce qu'elles étaient souriantes et blondes comme des jeunes filles (...). Gilberte, (...), me demanda laquelle je trouvais la plus belle. (...). J'aurais aimé qu'elle pût les acheter, les délivrer toutes. Pourtant je lui en désignai une qui avait la couleur de ses yeux. Gilberte la prit, chercha son rayon doré, la caressa, paya sa rançon, mais aussitôt me remit sa captive...PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 403.— P. ext. et au fig. (d'un point de vue surtout moral). Rendre libre, indépendant. « Maintenant, mère, puisqu'il te plaît de me délivrer, enseigne-moi l'antique secret de mourir avec simplicité » (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 160) :• 3. La femme pèse si lourdement sur l'homme parce qu'on lui interdit de se reposer sur soi : il se délivrera en la délivrant, c'est-à-dire en lui donnant quelque chose à faire en ce monde.BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, t. 2, 1949, p. 289.2. P. anal.a) MAR., rare. [En parlant d'un navire] Enlever tout ou partie du bordage afin de le remplacer. Consommer la séparation des deux tronçons de l'épave, délivrer la moitié restée solide (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 362).b) MÉD. Extraire le délivre. Elle tomba et accoucha par terre, sur un paillasson. Lorsque la sage-femme arriva, (...), ce fut là qu'elle la délivra (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 467).— P. ext. Synon. de accoucher. Elle [la sage-femme] goûtait encore la popularité de la rue où les marchandes qu'elle avait délivrées, où les filles de ces marchandes qu'elle avait mises au monde et accouchées (...), lui criaient bonjour (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 31).— Emploi pronom. réfl., spéc. Accoucher. Une créature pécheresse, se trouvant enceinte, cacha sa grossesse et, venue à son terme, se délivra elle-même (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 153).— P. métaph. [Sans idée d'obstacle] Faire apparaître. Un chuchotement sur les feuilles annonce que la pluie va délivrer cette odeur violente que j'aime (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 280).3. [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr. ou concr.] Dégager de ce qui gêne, fait obstacle. J'ai défriché à la pioche, le bas du jardin (...), pour délivrer des framboisiers qui poussaient mal (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec J. Rivière], 1907, p. 176) :• 4. Pour terminer sur le costume masculin, disons que les parties qui importent sont la coiffure et le col, qui règlent les mouvements et le port de la tête; les manches qui écartent ou rassemblent les épaules, en délivrant les bras plus ou moins; ...ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 62.— Emploi pronom. à sens passif :• 5. Le psychiatre moderne prend la place du confesseur dans un monde athée. Autrefois on se délivrait en s'accusant. Aujourd'hui, c'est le psychiatre qui écoute, ...GREEN, Journal, 1941, p. 137.B.— [Avec un compl. secondaire prép. de, marquant l'orig.] Délivrer qqn de qqc. Le faire sortir d'un état de dépendance. Délivrer qqn de la captivité, de l'esclavage, de ses liens. Je ne connois point en France un homme, dont la tête en tombant, pût délivrer ma patrie du joug de la tyrannie (ROBESPIERRE, Discours, Sur la terre, t. 8, 1792, p. 146).— P. métaph. :• 6. Pour le vrai poète, la langue n'est jamais assez particulière; il est obligé d'employer des mots en les répétant comme pour les délivrer de leur sens usuel, usé, trop général, ...BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 207.— P. ext. et au fig. Débarrasser quelqu'un d'une contrainte, d'un mal, d'un sujet d'inquiétude. Ne sachant comment délivrer l'assemblée d'un orateur si dangereux, Madame Chappe, (...), renversa comme par hasard les feuillets (...) du manuscrit (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 115) :• 7. Peut-être Dieu a-t-il voulu mettre sur mes épaules le fardeau dont il venait de délivrer sa créature épuisée.BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1184.♦ Emploi pronom. réfl. Se délivrer de. Se délivrer de ses obsessions. Il ne put se délivrer d'un sobriquet que j'avais attaché à son omnicompétence et à son air important (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 58).Rem. 1. Le sens de « débarrasser d'un fardeau » s'unit à celui de « accoucher » (cf. supra A 2 b). Puis on la délivra d'un enfant mort; et pendant quelques jours encore nous eûmes pour sa vie les plus grandes craintes (MAUPASS., Contes nouv., t. 1, Mouche, 1890, p. 1346). 2. On rencontre ds la docum. délivré, ée, part. passé et adj. [Correspond à délivrer1] Rendu libre, sorti de captivité. Je croyais voir notre roi, (...), prendre enfin possession de sa couronne, au nom de la France glorieuse et délivrée (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 180). 3. On rencontre chez Giono le subst. masc. délivrement au sens de « délivrance ». On a entendu le délivrement de la terre [l'explosion] et les vergers autour de l'église ont commencé à sortir des eaux (Batailles dans la montagne, 1937, p. 350).Prononc. et Orth. :[], (je) délivre []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Ca 1050 attesté indirectement par l'adj. dér. régr. delivre « libéré (de) » (Alexis, éd. Chr. Storey, 525)]; 1re moitié XIIe s. « libérer » (Psautier Oxford, LVIII, 1, éd. Fr. Michel, p. 76); 2. a) début XIIe s. être délivrée « avoir accouché » (Lois de Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 33); ca 1176-84 « accoucher » (G. D'ARRAS, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 4394); b) 1752 « libérer (une femme) de la délivre » (v. délivre) (Trév.). Du lat. chrét. deliberare, dér. du lat. class. liberare « libérer ».II.⇒DÉLIVRER2, verbe trans.Donner, remettre, après avoir rempli certaines formalités. Délivrer des marchandises; des papiers, des titres (Ac. 1932). Hâan s'occupait de sa perception (...) il recevait l'argent du roi et délivrait des quittances (ERCKM.-CHAT., Ami Fritz, 1864, p. 106). Le maire délivrait un certificat attestant que le feu vous avait détruit un corps d'habitation (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 231).— P. ext. et fam. [L'obj. désigne des coups] Appliquer, donner :• Chaque homme abordait l'autre [au Vel d'Hiv] avec le geste de sa spécialité. Cordialement, les bantams se délivraient des crochets dans les côtes, les trois quarts se plaquaient aux jambes.MORAND, Ouvert la nuit, 1922, p. 177.Prononc. et Orth. Cf. délivrer1. Étymol. et Hist. Ca 1130 « remettre, laisser disposer de » (Pélerinage Charlemagne, éd. P. Aebischer, 695). Spécialisation de sens de délivrer1 sans doute p. anal. à la remise des prisonniers délivrés.STAT. — Délivrer1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 153. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 163, b) 1 936; XXe s. : a) 2 635, b) 3 841.délivrer [delivʀe] v. tr.ÉTYM. XIe; bas lat. deliberare, de de- et lat. class. liberare « mettre en liberté » (→ Libérer), d'après livrer.❖———1 Rendre (qqn, une collectivité) libre. ⇒ Libérer. || Délivrer un prisonnier, un esclave. || Délivrer un captif en payant une rançon. ⇒ Racheter. — Par ext. || Délivrer un peuple, un pays.1 (…) il avait coutume de délivrer à la fête celui des prisonniers que le peuple lui demandait.Bible (Sacy), Évangile selon saint Marc, XV, 6.2 C'est pour délivrer les peuples, pour leur donner la vraie paix, la Liberté, qu'elle (la Révolution) frappa les tyrans.Michelet, Hist. de la Révolution franç., Préf. de 1847, p. 2.3 Mais qu'est-ce que délivrer ? Si je délivre, dans un désert, un homme qui n'éprouve rien, que signifie sa liberté ? Il n'est de liberté que de « quelqu'un » qui va quelque part. Délivrer cet homme serait lui enseigner la soif, et tracer une route vers un puits. Alors seulement se proposeraient à lui des démarches qui ne manqueraient plus de signification. Délivrer une pierre ne signifie rien s'il n'est point de pesanteur. Car la pierre, une fois libre, n'ira nulle part.Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVI, p. 221.2 Délivrer qqn de…, le dégager de (pour le libérer). || Délivrer un captif de ses chaînes. — Délivrer une nation de ses oppresseurs, d'un régime tyrannique, de l'occupation étrangère. ⇒ Libérer (plus cour.). — Fig. Rendre libre en écartant, en supprimant. ⇒ Débarrasser, libérer. || Délivrer qqn d'un importun, d'un rival. || Délivrer qqn d'une maladie (⇒ Guérir), d'un péril; d'une obligation; d'une crainte. — Relig. || Délivre (délivrez)-nous du mal (prière du Notre Père).4 Délivrez-moi, Monsieur, de la criaillerie (…)Molière, Tartuffe, V, 7.5 Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu'il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu'il nous en délivre.Pascal, Pensées, VII, 553.6 (La Restauration) délivra la pensée comprimée par Bonaparte : l'esprit, comme une cariatide déchargée de l'architecture qui lui courbait le front, releva la tête.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 98.7 (…) la faiblesse me délivra de ma colère (…)A. de Musset, Confession d'un enfant du siècle.8 (…) moi l'étrange humain qui, en attendant que la mort le délivre, vis les volets clos, ne sais rien du monde (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 152.3 Littér. (Compl. n. de chose). Mettre au jour, faire apparaître. ⇒ Extérioriser.9 Léopold a trouvé le bonheur, son bonheur. Ce n'est plus de construire des châteaux, c'est de délivrer le chant qui sommeille dans son cœur.M. Barrès, la Colline inspirée, XVI, p. 265.10 Si cette religion, si cette culture, si cette échelle des valeurs, si cette forme d'activité et non telles autres favorisent dans l'homme cette plénitude, délivrent en lui un grand seigneur qui s'ignorait, c'est que cette échelle des valeurs, cette culture, cette forme d'activité, sont la vérité de l'homme.———II (XIIIe). Comm., admin. Remettre (qqch.) à qqn. ⇒ Livrer, remettre. || Délivrer un brevet, un certificat, un reçu à qqn. || Délivrer des papiers, des titres, des fonds. || Délivrer au porteur. || Délivrer des marchandises consignées.11 Le vendeur n'est pas tenu de délivrer la chose, si l'acheteur n'en paye pas le prix, et que le vendeur ne lui ait pas accordé un délai pour le payement.Code civil, art. 1612.♦ Fam. et vx. ⇒ Appliquer, dispenser. || Délivrer des coups de poing, de bâton.——————se délivrer v. pron.1 (Au sens 1). ⇒ Affranchir (s'), débarrasser (se), dégager (se), libérer (se). || Se délivrer d'un joug insupportable. || Se délivrer de ses liens. || Se délivrer d'un ennemi. || Se délivrer d'un fardeau. || Se délivrer d'une situation délicate, embarrassante. || Se délivrer d'une obsession, de préjugés, d'erreurs… || Se délivrer d'un désir en l'assouvissant.12 Celui qui un beau jour sait renoncer fermement (…) à une grande autorité (…) à une grande fortune, se délivre en un moment de bien des peines, de bien des veilles, et quelquefois de bien des crimes.La Bruyère, les Caractères, VIII, 98.13 (…) le cri, enivré, presque douloureux de joie, de l'âme immortelle, qui se délivre de la dépouille du corps et tend les bras vers Dieu !R. Rolland, Voyage musical au pays du passé, p. 74.14 Et quel lecteur, s'il a le moindre souci d'exactitude, s'y délivrerait de la hantise — de l'influence — des mots et des phrases.J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 116.15 Il faut nous délivrer de la pitié, de la jalousie, enfin de toutes les passions artificielles, et nous abandonner à un égoïsme sain.A. Maurois, le Cercle de famille, I, XV, p. 87.16 Juliette pleure sans vraiment réussir à former des larmes. Elle suffoque, sans arriver à se délivrer par un sanglot. Une angoisse, qui est tout ensemble douleur, joie démesurée et désespoir, la tient serrée du haut au bas de son corps.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVII, p. 188.——————délivré, ée p. p. adj.♦ || Prisonnier délivré. || Pays délivré. — Libéré (d'un état psychique qui opprime. → Se délivrer, 1.). || Se sentir délivré.17 (…) de ces idées obsédantes dont je n'arrivais que rarement, et pour un temps très court, à me sentir délivré.G. Duhamel, Cri des profondeurs, XI, p. 216.❖CONTR. Arrêter, asservir, détenir, écrouer, emprisonner, enchaîner, enfermer, incarcérer, lier, maîtriser, obséder, soumettre, subjuguer. — Conquérir, conserver, garder.DÉR. Délivrance, délivre, délivreur.
Encyclopédie Universelle. 2012.